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24 FÉVRIER 2024

 

20h00 Auditorium Jean Poulain

EN QUÊTE DE BACH

Portées aux oreilles du grand public par le violoncelliste Pablo Casals, les six suites pour violoncelle seul restent un véritable mystère. Une oeuvre de Bach ? De sa femme Anna Madalena ? À quelle date, pour quel instrument et dans quel ordre furent-elles composées ? Elles ne comportent aucune indication, alors comment les interpréter ? C’est en suivant pendant trois jours Patrick Langot enfermé dans un studio d’enregistrement en compagnie de ses trois violoncelles et de son directeur artistique, que peu à peu émerge l’image de ce chef-d'œuvre inconnu. Patrick Langot en véritable détective nous invite à un voyage imaginaire dans la tête de Bach.

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Les suites pour violoncelle seul

D'une structure assez constante, les six suites pour violoncelle BWV 1007 à 1012 « s'ouvrent toutes par un prélude, suivi d'une allemande, d'une courante, d'une sarabande, de deux Galanterien et d'une gigue. La ressemblance de leur structure avec celle des Suites anglaises fait supposer que ces deux œuvres furent écrites environ à la même époque. Bien que les limites techniques du lourd violoncelle soient encore plus étroites que celles du violon, rendant impossible l'inclusion d'une fugue réelle, Bach réussit à créer des œuvres d'une maîtrise consommée, égale sinon supérieure à sa musique pour violon solo. Dans le prélude de la quatrième suite, par exemple, il donne, avec les moyens les plus simples, l'illusion d'une pédale d'orgue dont il se sert comme assise à des harmonies qui s'écoulent lentement ».97

Pour rendre justice à ces œuvres d'exception, il faudrait ici reprendre, parfois mot pour mot, une bonne part des réflexions exprimées à propos des pièces pour violon solo. Peut-être même faudrait-il appuyer le trait, car, plus que jamais, le musicien prouve ici qu'il atteint les plus hauts sommets lorsqu'il s'impose les limites les plus étroites. « Nulle part Bach ne semble avoir autant de grandeur, de force et d'émotion que dans ses six Suites pour violoncelle (1720-1723 ?), pages de musique instrumentale pure où il est par excellence le maître de la liberté et où, pas un instant, il ne sombre dans l'arbitraire ni dans l'abstraction gratuite. L'architecture des préludes et des allemandes, l'édifice contrapuntique des sarabandes et même les mouvements de danses plus décoratifs suggèrent malgré leur style très libre une science polyphonique assez complexe (même si plusieurs voix restent sous-entendues) ».98

Est-il vraiment besoin d'ailleurs de s'étendre sur les fabuleuses qualités de ces œuvres qui, bien qu'exigeant beaucoup de concentration et d'imagination de la part de l'auditeur, ont acquis une immense popularité ? Depuis que Pablo Casals s'en est fait le propagandiste, tous les violoncellistes, des plus confirmés aux plus jeunes, s'y sont engagés avec toute leur flamme et le public a suivi, toujours plus nombreux, succombant au pouvoir d'envoûtement magique de cette musique qui touche au plus profond de l'âme humaine. Et que ces pièces soient si souvent « célébrées » dans des lieux normalement voués au culte, voilà un détail qui ne laisse pas indifférent : au-delà de toute considération touchant à l'acoustique, c'est une façon comme une autre de souligner la dimension spirituelle que Bach a certainement voulu donner à nombre de ces pages. Des pages aux multiples facettes et sortilèges, qui nous font passer de l'ombre à la lumière, des épanchements au silence, du recueillement au vagabondage, comme le suggérait un commentaire de Xavier Lacavalerie qui concluait sur cette belle interrogation : « Et si cette musique païenne était l'une des plus belles formes de la prière ? ».

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Patrick Langot

 

Il mène depuis 20 ans une double carrière sur violoncelles baroque et moderne. Il se produit fréquemment en récital (Festival International de Beauvais, Théâtre du Capitole de Toulouse, Le Quartz de Brest, Paris Salle Cortot, Abbaye de Royaumont…) et en soliste (concertos de Haydn, CPE Bach, Vivaldi, Porpora…)

En 2021, son projet Descaminos met à l'honneur la création pour violoncelle et orchestre. Il passe commande de deux œuvres concertantes auprès des compositeurs argentins Gabriel Sivak et Gerardo Di Giusto, avec le soutien de la SACEM et de Proarti. Le disque éponyme sortira début 2023, avec le violoniste Alexis Cardenas et l'Orchestre de Lutetia dirigé par Alejandro Sandler (Klarthe Records).

Il fonde en 1999 le Quintette Syntonia, avec lequel il remporte le Prix Tina Moroni du Concours International de Florence, joue dans de nombreux festivals, tourne pour Arte et est en résidence à la Fondation Singer-Polignac (2012 à 2017).

En solo, avec ses partenaires de Syntonia ou en ensemble, sa vaste discographie s’étendant du baroque au 21e siècle est régulièrement récompensée : Choix de France Musique, Diapason Découverte, Version de référence de la Tribune des critiques de France Musique, CHOCS Classica…). Enregistré sur trois violoncelles, son premier CD solo intitulé Præludio (2019, Klarthe Records) est salué par la critique. Il enregistre pour Harmonia Mundi la musique de chambre de Benoît Menut avec Syntonia, la soprano Maya Villanueva et en duo avec Emmanuelle Bertrand.

Patrick est un ardent défenseur de la musique des compositeurs actuels. Il travaille avec Édith Canat de Chizy, Camille Pépin, Henri Dutilleux, créé des œuvres de Suzanne Giraud, Nicolas Bacri, Pierre Chépélov, Jérôme Combier, Olivier Greif et passe commande auprès de Régis Campo, Philippe Forget, Benoît Menut, Tôn-Thât Tiêt, Graciane Finzi, Gabriel Sivak...

Actuellement violoncelle solo des Musiciens du Louvre (Marc Minkowski), il est et fut invité en tant que tel par de nombreux ensembles sur instruments anciens : Orfeo 55 (Nathalie Stutzmann), Il Caravaggio (Camille Delaforge), les Musiciens de Saint-Julien (François Lazarevitch), Le Parlement de Musique (Martin Gester), la Chapelle Rhénane (Benoît Haller), l'Ensemble Matheus (Jean-Christophe Spinosi), Le Stagioni (Paolo Zanzu)...

Diplômé du CNSM de Paris (1ers Prix de violoncelle et de musique de chambre) et du CRR de Paris (1er Prix de musique ancienne), il est lauréat de la Fondation de France et de la Fondation Royaumont.

Patrick Langot joue un violoncelle d'Auguste Sébastien Bernardel, dit "Bernardel Père" (1829), un violoncelle baroque "arlequin" anonyme (ca.1700) ainsi qu'un violoncelle à 5 cordes dit "piccolo" de Leila Barbedette (2011).

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Jean-Sébastien Bach

Membre le plus éminent de la famille Bach la famille de musiciens la plus prolifique de l'histoire, sa carrière se déroule entièrement en Allemagne centrale, dans le cadre de sa région natale, au service de petites municipalités, de cours princières sans importance politique, puis du conseil municipal de Leipzig, qui lui manifeste peu de considération : ainsi, jamais il n'obtient un poste à la mesure de son génie et de son importance dans l'histoire de la musique occidentale, malgré la considération de certains souverains allemands, tel Frédéric le Grand, pour le « Cantor de Leipzig ».

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