
La cantate des boîtes
La cantate des boîtes
La cantate des boîtes met en scène la rencontre entre l’art populaire de la chanson et celui de la musique de chambre française du 20e siècle. Cette rencontre, c'est aussi celle du Quintette Le Bateau Ivre et de la soprano Amandine Bontemps, de la scénographe Lucie Mao et du comédien et metteur en scène Jean Manifacier. Au fil de leur création collective, ils peuplent le plateau de boîtes d’où se déploie un monde de souvenirs. Les chansons, familières ou surprenantes, s’habillent des multiples couleurs du quintette dans des arrangements taillés sur-mesure. A travers les textes de Vian, Brel ou Barbara, une vie se dessine qui reflète une part de chacun de nous.
Le spectacle
L'émotion de la musique nous relie les uns aux autres, à travers les époques, les langues et les cultures. De cette passion, nous avons fait un métier, fort de rencontres, d'élans, de grandes joies.
Pourtant nous nous heurtons parfois à d'étranges frontières, apparemment infranchissables, entre les genres, entre les membres de cette étrange espèce : les musiciens.
Loin du Conservatoire et des études virtuoses, les chansons font partie de notre inconscient collectif, inséparables de nos meilleurs souvenirs, et se glissent au cœur de notre quotidien. Que se passerait-il si l'on se donnait enfin l'espace de tenter, de rater, de ne pas savoir?
Avec La cantate des boîtes la chanson française s'habille en classique met en scène la rencontre entre l'art populaire de la chanson et celui de la musique française savante du 2oe siècle. Puisant dans les bijoux de notre patrimoine commun, le Quintette Le Bateau Ivre sollicite la nouvelle génération de compositeurs et arrangeurs issus des meilleures écoles pour les sublimer en rendant hommage au patrimoine original de la formation.

Le Bateau Ivre
Le bateau Ivre est un quintette instrumental qui associe la flute et la harpe au trio à cordes. Ce mélange de timbres contere a l'ensemble une grande richesse sonore et lui permet d'obtenir des couleurs et des atmosphères extrêmement variées.
L'aventure commence en septembre 2015 à Strasbourg, île au cour de l'Europe, où se croisent les chemins de cinq jeunes musiciens. Ils se réunissent autour d'une œuvre qui sera le noyau de leur formation, le Quintette de Jean Cras.
L'interpretation de cette piece est chaleureusement saluee par le jury au Concours international Leopold Bellan a Paris, qui attribue au Bateau Ivre le 1er Prix d'honneur en avril 2016.
L'aventure se poursuit par-delà les frontières avec deux 3e Prix obtenus au concours Osaka IMC (Japon) en 2017 et au concours Virtuoso Bel Canto de Lucca (Italie) en 2018. Admis la même année à l'unanimité en master au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Michel Moragues, le quintette participe en 2019 au programme européen de musique de chambre ECMA et reçoit également les conseils de Luc-Marie Aguera et de Fabrice Pierre.
Ce riche parcours d'études est couronné en juin 2020 par les félicitations à l'unanimité
Au fil de ses voyages, Le Bateau Ivre a notamment été invité à se produire au Festival de Saintes, au Festival de Gargilesse, au Cap Ferret Music Open, a linstrumentarium de Paris, a l'Academie de musique de Lituanie, au Conservatoire Royal de La Haye (Pays-Bas), au Festival du Bois qui Chante (Suisse), au Kukje Art Hall de Séoul (Corée) ainsi qu'au Takatsuki Gendai Gekijo Grand Hall d'Osaka (Japon).
Un premier album intitulé Marionnettes est enregistré au CNSM de Paris pour le label Initiale et paraît en octobre 2022. Il reçoit la distinction « diapason découverte » du magazine Diapason en mai 2023.
Amandine Bontemps
La soprano Amandine aborde la musique par la flûte traversière, le piano et découvre sa voix avec la comédie musicale au sein de la compagnie Esope, prônant un éclectisme musical qui marque son identité. Elle est diplômée en chant et musique de chambre baroque des conservatoires à rayonnement régional de Toulouse (2020) et Paris (2024) ainsi que d'un master recherche en musicologie sur le recueil de mélodies Fiançailles pour rire de Francis Poulenc et Louise de Vilmorin (2017).
Amandine chante régulièrement en soliste avec Les Paladins, dans les chœurs du Concert d'Astrée et des Eléments. Elle fait partie des interprètes de Golem une pièce d'Amos Gitai créée au Théâtre national de la Colline en 2025. Force créatrice sans limite, Amandine est co-directrice artistique de plusieurs projets originaux : Les Divaskets, Lyra, Vagabondes et dirige depuis peu la compagnie Daïdaine dédiée à la chanson (BarbaraS; La Forêt, La Nuit, L'amour). Poétesse, compositrice et arrangeuse, son premier album de chanson Relief parait en 2021, quant au deuxième...il est en cours d'écriture.

La scénographie
Ce spectacle est né d'une envie première : celle d'échapper aux aprioris que l'on peut avoir d'un musicien classique vu comme un simple Interprète engoncé dans son costume sans personnalité ni folies.
C'est pour cela que le postulat de départ de la scénographie se base sur des boîtes. Ces boîtes que l'on Imagine tout d'abord comme étant de simples flightcases sont peu à peu transcendées et deviennent des boîtes à musiques, des caravanes ou encore des capsules spatiales. Ce qui permet ces transformations c'est leur ouverture et le déploiement de ce qu'elles contiennent. Chaque comédien/music/en occupe une boîte et nous ouvre son monde durant tout le spectacle à l'aide des accessoires contenus dans les boîtes. Scénographie, mise en scène et dramaturgie se construisent dans un même élan d'essais et de tentatives. A partir d'improvisations au plateau des narrations et des univers se tissent. Une des boîtes devient un jardin secret, une autre devient le bar qui accueille les chagrins d'amours, une autre encore est un dressing digne des rêves les plus fous. Peu à peu, ces petits mondes contenus dans les boîtes débordent et envahissent le plateau se mélangeant les uns aux autres.
Dans un univers décalé inspiré de vieux automates et de rétrofuturisme, on passe du noir et blanc aux couleurs vives.
Lucie Mao
scénographe

Le travail de Lucie Mao allie installation performative, théâtre d'objets ou encore théâtre d'ombres. Après une licence en design à L'École Européenne d'Art de Bretagne et un Cycle 2 en théâtre au conservatoire de Rennes, elle entre en scénographie à la Haute École des Arts du Rhin à Strasbourg. Durant son master, elle associe ces deux pratiques dans sa façon d'envisager L'espace. Un rapport à l'objet et à La fiction se met en place. Les jeux d'échelles (micro-macro, s'approcher-se reculer) et de contenant-contenu (qu'y a-t-il à l'intérieur de cet objet que je ne peux pas percevoir?) se placent au cœur de ses recherches. Lucie participe à la fondation du collectif "ça gronde", un collectif d'artistes-scénographes et de La compagnie Écoutilles, une compagnie de théâtre d'objets.
Les Chansons
Au-delà des catégories traditionnelles qui séparent la musique savante de la chanson populaire, les chanteuses de cabaret des cantatrices d'opéra, les paroliers des poètes et des philosophes, ce spectacle rend hommage à la singularité de la culture française. Une inlassable quête du sens et de la beauté, une distance amusée, attendrie, ironique, critique sur le monde. Une passion pour l'amour qui résiste à toutes les désillusions. Un raffinement et une exigence qui s'accomplissent dans la simplicité "naturelle" du résultat. Nous avons choisi des chansons qui accompagnent nos vies en traversant les générations. Dans des esthétiques très diverses, elles évoquent l'égo et ses travers U'suis snob, Je m'voyais déjà) et la nostalgie (Milord, C'était bien). Mais c'est surtout l'amour qui est à l'honneur, dans toutes ses déclinaisons. De l'idéal fusionnel (Hymne à l'amour) au crime passionnel (Arrête, arrête, La peau Léon) en passant par l'usure du temps (Vesoul), les textes font écho aux relations qui se nouent sur scène et à l'histoire intime de chacun des personnages.
Charles Aznavour - For me, formidable (1964)
Charles Aznavour - Je m'voyais déjà (1961)
Boris Vian - J'suis snob (1954)
Edith Piaf - Milord (1959)
Patricia Carli - Demain tu te maries (1963)
Edith Piaf - Hymne à l'amour (1950)
Jacques Brel - Vesoul (1968)
Jeanne Moreau - La peau Léon (1962)
Jacques Brel - La valse à mille temps (1959)
Bourvil - C'était bien (Au petit bal perdu) (1961)
Barbara - Ma plus belle histoire d'amour (1967)

Jean Manifacier
Au plus loin qu’il m’en souvienne j’ai toujours aimé les chansons. Enfant c’est la voix de ma grand-mère qui m’a ouvert un monde que je ne connaissais pas, un monde fait de rengaines comiques, de chansons de soldats et de romances à quatre sous faites pour faire pleurer. Ensuite ce fut la voix de ma mère qui avec Brassens, Brel et Barbara m’a touché au cœur. Aujourd’hui d’autres chansons les ont remplacé et continuent d’accompagner ma vie d’homme.
Ces émotions je les retrouve ici dans la collaboration avec le quintette Le Bateau Ivre et la chanteuse Amandine Bontemps. Le quintette, plus attendu dans un répertoire de musique de chambre du début du XXe siècle que dans une atmosphère de cabaret, rencontre ici l’art populaire qu’a toujours été la chanson. Rien ne pouvais plus me ravir que cette expérience de mise en scène collective qui déploie son univers de boîtes qui s’emboîtent et se déboîtent, qui roulent, tournent, s’ouvrent et se ferment à l’image de nos imaginaires.
Dans leurs pérégrinations fantasques ce ne sont pas une chanteuse et cinq instrumentistes qui s’adressent à nous, mais bien six personnages en quête d’amour.