
Joseph André
Violon

Flore-Anne Brosseau
Alto

Manon Gillardot
Violoncelle

Ulysse Vigreux
Contrebasse
Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. Nicolas Bouvier
L’Europe musicale
En cette deuxième décennie du XXIe siècle, l’idée d’une Europe qui serait unie et forte n’a jamais été aussi présente. La guerre et les pénuries ont refait surface, faisant naître en nous un sentiment de fragilité. Le XIXe et le XXe siècle avec ces multiples conflits avaient déjà totalement remodelé ce continent. Des empires s’étaient effondrés et de nouveaux pays étaient apparus déclenchant des migrations de populations jamais vues jusque-là. C’est de ces événements que nous sommes issus et si nous prenons conscience aujourd’hui que cette union européenne pensée et voulue à la fin de la seconde guerre mondiale est si importante, c’est que la montée des extrêmes nous rappelle à des heures sombres de notre histoire. Connaître son passé et sa culture au sens large, nous permet de mieux comprendre ce que les "Autres" nous ont apporté et ont construit en nous. C’est admettre que sans eux, nous serions différents, moins riches. La peinture, la littérature, la sculpture, la musique, nous font aujourd’hui encore toucher du doigt cette richesse.
Il est possible de remonter le temps et de parcourir cette Europe-là, cette Europe des deux derniers siècles ; celle des empires, des puissantes armées, des grandes fêtes populaires et des révolutions. Cet âge d’or du ballet, de l’opéra et de la symphonie. Il nous est possible grâce à cette “capsule temporelle” qu’est la musique de partir à la rencontre des univers sonores de tous ces peuples.
Le répertoire qui a été choisi par les musiciens du quatuor Page Blanche vient essentiellement du domaine du ballet et des danses populaires. Pourquoi ? La réponse est simple, c’est pour la musique de danse que les compositeurs du XIXe et XXe siècles ont puisé aux sources des traditions populaires. Mais cette Europe reste une chimère, une utopie, c’est une Europe du partage et de l’assimilation qui enrichit. Ne nous faut-il pas de l’utopie pour vivre, ne nous faut-il pas des raisons de lutter ? Les jeunes générations doivent rentrer de plain-pied dans cette histoire européenne et s’en emparer. La musique est un formidable vecteur d’émotions, qu’elle soit française, italienne, allemande, russe, polonaise, hongroise, tchèque etc … Elle doit nous faire prendre conscience de notre identité, de nos identités.
Ce voyage immobile à travers le continent se fera grâce à ces quatre instruments que sont le violon, l’alto, le violoncelle et la contrebasse. Grâce à des transcriptions musicales originales réalisées par Ulysse Vigreux et à des textes de grand.es voyageurs.es, qu’ils soient musicien.nes, écrivain.es, peintres, géographes ou aventurier.es que nous suivrons une route imaginaire entre l’Espagne et l’ancienne Russie.
Le concept scénique
Un plateau couvert d’un patchwork de tapis, une malle, un braséro, des livres et des partitions, voilà l’univers minimaliste dans lequel nos quatre personnages évoluent.
La découverte des instruments se fait insensiblement au fur et à mesure du discours.
Un musicien joue dans le noir une mélodie populaire, une voix se glisse une poésie de Garcia Lorca parlant de musique et de voyage.
La lumière se fait sur une scène ouverte au rêve. Des grands récits de voyages aux récits intimes il n’y a qu’un pas, car nous sommes tous à l’aune du XIXe siècle, des grands voyageurs. Chacun sur le plateau se fait comédien et acteur de sa propre vie.
Le jeune public
Il est capital que le jeune public puisse comprendre les enjeux de cette approche et découvre du même coup la richesse de ces répertoires. C’est pourquoi une version jeune public sera mise en chantier durant cette résidence. Il s’agit d’une version un peu plus courte du concert (45 minutes environ) avec des segments pédagogiques intégrés à l’histoire. Des notions politiques simples seront également introduites pour élargir autant que faire se peut la conscience européenne des enfants.
Un dossier pédagogique sera fourni aux enseignants pour qu’ils puissent s’emparer de cette thématique dans les temps qui précèdent le concert.
La médiation culturelle
Nous ouvrons les répétitions aux élèves des classes primaires et collèges pour leur permettre de découvrir le métier de musicien, metteur en scène, éclairagiste. Ils assistent à une séance de travail et peuvent échanger avec les artistes à l'issue. Les résidents des Myosotis (résidence de personnes âgées) se joignent à eux et cette passerelle entre générations permet des échanges souvent très riches entre une population et une autre qui se croisent trop peu.
Nous accueillons également les résidents de la Maison Relais, personnes au parcours difficile et en voie de réinsertion.
Programme
Bartok Suite pour piano Op.14 – 1 er mouvement
Duos pour 2 violons – extraits
Brahms Danses Hongroises n°4 et 10
Chostakovitch – Polka (extrait de 2 pièces pour quatuor à cordes)
Danish Quartet – Old Reinlender from Sonndala
De Falla – Danse espagnole (extrait de La Vida breve)
Debussy – La plus que lente
Grieg – Danse d’Anitra
Mendelssohn – Lied ohne Worte Op.67 n°2
Poulenc – Badinage
Prokofiev – Danse des chevaliers (extrait de Roméo & Juliette)
Ravel – Menuet sur le nom de Haydn
Vivaldi – Sonate pour 2 violoncelles RV 40 – 2 e mouvement
C’est une double ligne que nous suivrons avec ce répertoire.
La première à travers le temps et la seconde à travers l’espace.
La musique comme une sorte de capsule temporelle nous permet de remonter le temps et de sentir dans nos corps des émotions qui ont traversées d’autres corps à d'autres moments de l’histoire. Des hommes et des femmes comme nous, en d’autres circonstances, ont rêvé, pleuré, prié, dansé sur ces mélodies et ces rythmes d’un bout à l’autre de l’Europe.
C’est de la musique de danse, oui, et c’est très important. La musique au cours des siècles fut destinée à l’église (la grande) ou aux fêtes populaires (la triviale). Cette dernière, jouée le plus souvent par des musiciens ambulants est partout et pour chacun. Sur les places publiques, dans les cours de ferme, dans les auberges, dans les champs. Elle est distractive et politique, joyeuse et solennelle.
Les compositeurs que nous abordons, dans ces transcriptions pour quatuor à cordes, Violon, alto, violoncelle, contrebasse ont souvent récolté eux-mêmes ces thèmes populaires dans les campagnes et s’en sont emparé comme un témoignage d’un style et d’une époque. La tradition populaire coule dans cette musique savante à grand flot. Elle nous rappelle que la modernité pousse ses racines dans la tradition et nous parle de filiation.
Le récit de voyage
Le récit de voyage est depuis le XVIIIe siècle un genre littéraire en soi. Les voyageurs décrivent modestement ou avec emphase leurs impressions dans des petits carnets. Que ce soit les aristocrates avides de sensations fortes rédigeant leurs mémoires ou les écrivains voyageurs plus modestes, le récit de voyage fait florès.
Il n’est pas étonnant lorsqu’on songe à tout cela que le voyage ait été au XIXe et XXe siècle une source d’inspiration inépuisable pour les compositeurs. Liszt avec les années de pèlerinage, Strauss avec ses suites symphoniques, Dvorak, Brahms, Berlioz …
En articulant les récits des grands voyageurs comme Nicolas Bouvier à la musique, nous mettons en perspective deux dynamiques narratives. Elles se croisent et s'entrelacent mêlant intime et universel.

Quatuor Page Blanche
Page Blanche, c’est la rencontre singulière et audacieuse d’un violon, d’un alto, d’un violoncelle et d’une contrebasse.
Unis par une complicité de longue date issue de leur activité au sein de l’Orchestre de Paris et par leur appétit sans fin pour la magie de la musique, les musiciens de ce quatuor inédit font le pari de se rassembler pour ouvrir de nouveaux champs d’interprétation.
« Un quatuor à cordes avec contrebasse ?
La réunion des quatre instruments de la famille des cordes, quoi de plus évident ? C’est pourtant une alchimie qui n’a jamais été exploitée par les compositeurs de musique « classique ».
De cette page blanche émerge un champ d’exploration et de création sans limite et invite les quatre artistes à noircir une page vierge de la musique de chambre.
Au fil d’un important et passionnant travail de recherche, d’écoute puis de transcriptions, les musiciens de Page Blanche plongent au cœur de la partition et forgent ainsi eux-mêmes leur répertoire.
Animés par le désir d’élargir le cercle des œuvres symphoniques et de musique de chambre qui est le centre de leur activité depuis plus d’une décennie, c’est en grande majorité vers le répertoire pour clavier qu’ils se tournent.
De Bach à Bill Evans en passant par Debussy et Prokofiev, Page Blanche traverse les styles et les époques avec une force d’expression et une richesse de sonorité insoupçonnées.
Autant d’occasions pour le public d’assister à l’éblouissante fusion d’œuvres dont la version originale nous trotte parfois encore en tête, interprétées par un quatuor à cordes émancipé de sa forme traditionnelle.
BIOGRAPHIE
Joseph André
Joseph André débute le violon au conservatoire de Chambéry. Après des études au Royal College de Musique à Londres et au Conservatoire de Toulouse il est admis à l'unanimité au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Il y étudie le violon et la musique de chambre dans les classes de Régis Pasquier et d'Alain Meunier.
Joseph André est lauréat de la fondation européenne pour la culture, l'académie Ravel, les concours "Flame" et "Lions club".
De 2009 à 2011 il est violon solo de l'orchestre de chambre de Toulouse, puis violoniste au sein de l’Orchestre Philharmonique de Radio France.
Joseph André est membre permanent de l’Orchestre de Paris depuis 2019.
Flore-Anne Brosseaux
Flore-Anne Brosseau a fait ses études au CNSM de Paris où elle a obtenu son Diplôme de formation supérieure avec mention Très bien à l’unanimité. Elle rejoint l’orchestre de l’Opéra de Paris dès la fin de ses études et apprend son métier dans ce lieu magique, au contact des plus grands interprètes lyriques comme Roberto Alagna, Anna Netrebko, Philippe Jarousski, Placido Domingo, Matthias Goerne, Renée Fleming...
Le désir de se renouveler l’emmène vers l’orchestre symphonique. Elle intègre l’Orchestre de Paris en 2012 et inaugure la nouvelle Philharmonie de Paris en 2015. Avec cette formation elle découvre des nouveaux chefs d’orchestre tels que Pierre Boulez, Bernard Haitink, Myung-Whun Chung, Daniel Harding..., ainsi que les plus grandes salles de concert comme la Philharmonie de Berlin, Musikverein de Vienne, NHK Hall de Tokyo, Philharmonie de Shanghai, Concert Hall de Seoul, Scala de Milan...
Depuis 2011, ses partenaires de musique de chambre comptent Christophe Giovaninetti, Gérard Caussé, Nicolas Chumachenko, Alain Meunier, Nicolas Dautricourt, Emmanuelle Bertrand, Karine Deshayes...
Se passionnant pour le quatuor à cordes, elle fonde tout naturellement le Quatuor Capriccio avec ses amis en 2012. Ils enregistrent leur premier disque en 2018 pour le label Orchid Classics. Récompensé par la presse, BBC magasine attribut ***** au disque en mai 2019.
Manon Gillardot
Manon Gillardot commence le violoncelle à Orléans dans la classe de Raphaële Sémézis. Après un détour dans la classe d'Ophélie Gaillard à Aulnay-sous-Bois, puis de Michel Strauss à Boulogne-Billancourt, elle intègre le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris où elle y obtient sa Licence dans la classe de Michel Strauss, puis son Master dans celle de Jérôme Pernoo.
Passionnée par l'orchestre, elle se forme avec l'Orchestre Français des jeunes, le Gustav Mahler Jugendorchester, puis intègre la Karajan Akademie, académie du Philharmonique de Berlin, ce qui lui permit de jouer à leur côté pendant deux ans sous la baguette des plus grands chefs. En septembre 2016, Manon intègre l'Orchestre de Paris.
Ulysse Vigreux
Ulysse Vigreux commence l’étude de la contrebasse avec Denis Rocher puis Eric Wrobel et intègre rapidement le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtient en 2010 son Diplôme de Formation Supérieure. Pendant ces années d’étude, il sera bénéficiaire d’une bourse de la fondation Meyer.
En 2010, il intègre pour deux saisons l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, avant de rejoindre l’Orchestre de Paris en 2012, où il occupe désormais le poste de 1ere contrebasse solo.
De 2014 à 2016, il se perfectionne à la Folkwang Universität der Künste dans la classe de Niek de Groot.
Sa carrière de musicien d’orchestre et de chambriste l’amène à se produire dans divers concerts et festivals (Giverny, Deauville, Lucerne, La Vézère, La Grange au Lac d’Evian...) aux côtés de l’Orchestre des Champs Elysées, le Concertgebouw d’Amsterdam, Les Dissonances, L’Orchestre de Chambre d’Auvergne, les ensembles TM+, Smoking Joséphine, Le Balcon…
Il collabore régulièrement avec le pianiste Olivier Dauriat au sein du Duo Anisan et est également membre fondateur du Trio ABC (accordéon, basson, contrebasse) et de Page Blanche (quatuor à cordes avec contrebasse), tous deux espaces de recherche et de création proposant au public un répertoire fait de transcriptions inédites, traversant les styles et les époques.